Les œuvres d’Ibrahima Konaté alias “Boudje” portent le quotidien au rang de médium de sublimation du réel, elles disent choses arrivées, et offrent à l’abstraction une dimension poétique. Passionné d’art dès son enfance, ce peintre né en 1979, à Mopti (Mali), est diplômé de l’institut national des arts (INA) de Bamako (Mali), et du Conservatoire des Arts et Métiers Multimédia Balla Fasséké Kouyaté (Bamako).
Pépites d’Afrique : Choses arrivées, et arrimées à la sublimation du Réel : vos peintures portent une serve poétique incommensurable dont l’essence puise dans les silhouettes en mouvement qui disent rencontres, et relations humaines. Mais si vous deviez parler de votre pratique artistique, que nous diriez-vous ?
Ibrahim Konaté : Mon travail est la résultante d’une double perception voire d’une double écriture. Il s’intéresse d’abord au questionnement des temps, et l’emprise de la tradition dans, sur les constructions sociales. C’est à dessein que mes œuvres portent comme intention première les saisies, et les (re) saisies du présent, et du passé. Elles se veulent des apparitions, des révélations, des disparitions, et des retours inattendus. La matière picturale se présente alors comme une superposition de différentes couches de couleurs pour laisser revenir des formes. Les piliers de mes créations sont le travail de la matière, l’à venir des formes, et les aplats de couleurs. Je pense d’ailleurs que nous vivons dans des sociétés de formes, et de couleurs. Ce sont elles qui guident, quelques fois, la main qui crée.
Pépites d’Afrique : Quel a été l’élément déclencheur qui vous a amené vers l’art, vers la création, vers la poétique des formes, et des volumes ?
Ibrahim Konaté : Je suis le fils d’un menuisier. Mon quotidien s’arrimait souvent à cet exercice de travail de la matière auquel s’adonnait mon père. Il est des mémoires individuelles, et collectives qui construisent le devenir des Hommes. Je suis une des conséquences de ces héritages visuels qui ne disent pas toujours répétition, et première fois mais déconstruction, et modernité. Et de ce que je vois, perçois, entend se nourrir mes créations. Mes formations à l’institut national des arts (INA) de Bamako (Mali), et au Conservatoire des Arts et Métiers Multimédia Balla Fasséké Kouyaté (Bamako) m’ont conforté dans mon choix de vie, celui de devenir un artiste peintre.
Pépites d’Afrique : Comment expliqueriez-vous votre processus de travail, l’avant, et l’après naissance de vos œuvres ?
Ibrahim Konaté : D’abord penser avant de créer. De la réflexion quant à ce que je souhaite peintre, ou laisser vivre suit les esquisses pour concevoir les contours de l’œuvre. Réflexion, et esquisses : ce sont les premiers processus qui donnent corps à mes œuvres. Il y a aussi l’observation. Je me nourris beaucoup de ce qui m’entoure, de ce que le visible m’offre.
Pépites d’Afrique : Quelle est la place du symbolisme, et de la représentation dans votre production ?
Ibrahim Konaté : Avoir une ambition symboliste dans la création est une noble entreprise. Je ne pense pas que mon travail touche tant au symbolisme qu’à la représentation. Mon but n’est pas forcément de représenter ou de symboliser les êtres, et les choses. Faire apparaître, et faire disparaître les formes révèlent d’une autre entreprise, celle liée aux spectres, et à leurs récurrences dans le Réel.
Pépites d’Afrique : Quels sont les apports de l’anthropologie, et de la sociologie à votre production ?
Ibrahim Konaté : L’humain est mon premier outil de réflexion. Mes créations ne partent que de l’Homme pour venir à l’Homme. Elles entretiennent ainsi un rapport particulier avec l’anthropologie, et avec ce que j’appellerai l’anthropo poétique. Etant un artiste pacifiste, le sensible m’aide à traverser les constructions sociales pour sensibiliser, éduquer, et ainsi prendre part à l’écriture de mes quêtes sociologiques.
Pépites d’Afrique : Comment définiriez-vous l’art contemporain ?
Ibrahim Konaté : L’art contemporain c’est l’art qui se fait d’aujourd’hui, l’art actuel.
Pépites d’Afrique : Comment percevez-vous la peinture contemporaine ?
Ibrahim Konaté : Les différentes émanations de la peinture contemporaine sont appréciables. Toutefois, il faudrait davantage travailler la matière picturale pour éviter les plagiats. Les techniques qui se ressemblent ne se valent souvent pas.
Pépites d’Afrique : Dans l’œuvre La Dame, la femme fait partie intégrante de votre quête picturale. Elle y retrouve une certaine candeur, et un souffle laudatif de sa place dans la société. La Dame qui habite cette œuvre, de quoi elle nous parle ?
Ibrahim Konaté : La Dame parle d’une quête esthétique : je suis contentement à la recherche de la forme des êtres, et des choses. C’est aussi une ode à la beauté africaine, aux femmes de chez nous, à leur bravoure, à leur combativité, et leur diversité.
Pépites d’Afrique : Parlez-nous un peu de votre actualité.
Ibrahim Konaté : Mon actualité ? C’est essentiellement des recherches plastiques, et des expositions à venir.
Pépites d’Afrique : Pour Pépites d’Afrique.
Ibrahim Konaté : Pépites d’Afrique est une bonne opportunité pour la visibilité des artistes africains sur le plan local, et international. Bravo à vous, et bonne continuation !
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