Abdoulaye Diakité est né en août 1987 au Mali. Il a été formé à l’institut national des arts (INA) de Bamako (Mali), puis au Conservatoire des Arts et Métiers Multimédia Balla Fasséké Kouyaté de la même ville. Ce passionné de sculpture et de céramique travaille sur des matériaux variés comme l’argile le grès, sculpte les formes humaines, pratique la poterie en accordant une attention particulière à l’engobage et à l’ Abdoulaye Diakité réaliste des sculptures, de tailles imposantes, suggérant des formes humaines intitulées « Djibrila Kama » ou les « ailes de l’Ange Gabriel » (plusieurs séries). Cette dimension mystique de la créativité est une invitation à savourer la légèreté (les ailes) de la beauté de la création artistique à partir d’une sculpture en apparence lourde. Le but de l’art n’est-il pas de nous faire voyager entre des inspirations contraires ?

Abdoulaye Diakité crée aussi des œuvres, à partir de la technique de peinture mixte, ce qui est bien le révélateur de la polyvalence de son talent. Ses séjours en France sont relatifs à des stages de perfectionnement ou à des workshops. Du point de vue de l’engagement social, Abdoulaye Diakité aime initier les personnes âgées et surtout les enfants aux arts-plastiques, parfois en France, et surtout en direction de la jeune génération au Mali.

Pépites d’Afrique : La tradition est un legs rédimé. Elle est la conséquence de plusieurs actes cachés transmis au fil des siècles. Vos influences picturales qui puisent dans le classicisme occidental, et le vernaculaire africain donnent souvent à voir les contradictions inhérentes aux gestes créatifs : entre respect des règles académiques, et rupture avec la tradition. Mais si vous deviez parler de votre pratique artistique, que nous diriez-vous ?

Abdoulaye Diakité : Pour commencer, je tiens à vous remercier pour l’intérêt que vous portez à mes œuvres. Si je devais parler d’avantage de ma pratique artistique, je vous dirai que le monde d’Abdoulaye Diakité est imbibé de choses mystiques et philosophiques. Mystiques : parce que les représentations auxquelles je fais recours sont des illustrations bestiaires qui font références à des égrégores, et qui ont pour vocation la protection d’un peuple bien déterminé. Philosophiques : les thématiques abordées sont des préoccupations qui poussent l’homme à plus de réflexion dans son environnement. Je travaille avec des files de fer, des papiers de ciment et des pigments locaux.

Pépites d’Afrique : Quel a été l’élément déclencheur qui vous a amené vers l’art, vers la création, vers la poétique des formes, et des volumes ?

Abdoulaye Diakité : Je pense qu’il n’y a pas eu d’élément déclencheur parce que depuis tout petit j’avais cette envie fort de m’exprimer avec les dessins. Mais je dirai plutôt c’est ce qui à booster ma créativité.

En 2008, j’ai eu le prix d’encouragement du Ministère de la culture du Mali. Cette marque de reconnaissance a été l’élément déclencheur car cela m’a amené à mieux voir mon environnement et à voir autrement le Monde. C’est après cela que j’ai commencé à promouvoir l’esprit du NOMMO (la sirène) dans mes œuvres.

Pépites d’Afrique : Comment expliqueriez-vous votre processus de travail, l’avant, et l’après naissance de vos œuvres ?

Abdoulaye Diakité : Dans mon processus de mon travail, je mets en avant le plaisir de promouvoir une thématique que je décide de prendre. S’en suis après le choix des matériaux, et la naissance des œuvres – qui pourront plaire ou déplaire aux spectateurs-.

Pépites d’Afrique : A quoi rêvent les êtres, et autres corps hydriques qui hantent votre production ?

Abdoulaye Diakité : Les êtres qui hantent mes œuvres rêvent d’un Monde plus juste, de l’équilibre entre la croyance des hommes et le développement de soi.

Pépites d’Afrique : Comment percevez-vous la notion de tradition vue sous le prisme du symbolisme dit contemporain ?

Abdoulaye Diakité : La notion de tradition vue sous le prisme du contemporain est un geste de base pour tout artiste qui veut avoir une certaine véracité dans sa pratique. Une définition de l’Art s’appuie sur  cette notion de Tradition : « l’art est une forme de conscience sociale. L’Homme vit dans une société et il reproduit la réalité de cette société, il ne peut rien en dehors de la société dans laquelle il vit ».

Pépites d’Afrique : Comment définirez-vous votre geste créatif ?

Abdoulaye Diakité : Je dirai que mon geste créatif se définit comme étant la représentation tridimensionnelle d’une identité sur une surface donnée.

Pépites d’Afrique : Dans l’œuvre Djibrila Kama 002, à quel narratif s’arrime l’envie de représentation ?

Abdoulaye Diakité : Dans Djibrila kama 002 je parle de la grossesse mentale. Ce qu’il faut retenir sur cette notion, ce sont « les ailes de l’ange Gabriel » pour dire aux gens qu’ils sont capables de s’enceinter sans se toucher.

Pépites d’Afrique : Parlez-nous un peu de votre actualité.

Abdoulaye Diakité : Je continue la création autant en peinture et qu’en sculpture. Mais actuellement je suis sur de grandes sculptures dont la thématique est « les égrégores de la nature ».

Pépites d’Afrique : Pour Pépites d’Afrique.

Abdoulaye Diakité : Merci, et bonne continuation.